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Site archéologique de Sbeitla : Mémoire vivante du passé

 

Située au centre-ouest de la Tunisie, la ville de Sbeitla a plusieurs histoires : berbère, romaine, vandale, byzantine et arabe.

La ville de Sbeitla, qui porte également le nom romain d’origine libyque «Sufutela», est réputée pour son splendide site archéologique qui recèle de nombreux vestiges qui portent l’empreinte vivace et les traces des populations qui on foulé le sol de cette région vieille de 2000 ans. Comme de nombreuses cités, à l’instar de Thugga, le site doté de sources et de terres agricoles fertiles, à l’origine d’une production oléicole abondante, va, à partir du premier siècle aprés J.C, devenir rapidement attractif non seulement pour les populations autochtones mais également pour les populations étrangères dont notamment les Romains qui lorgnent sur les ressources de la région. Au motif de vouloir pacifier la région, car elle est sujette à de violents affrontements entre les tribus berbères, des soldats romains y installent leurs quartiers sous le règne de l’empereur Vespasien à partir de la première moitié du 1er siècle. Acquérant le statut de municipe puis de colonie romaine, c’est sous l’occupation romaine de la province africaine que la région de Sbeilta va  connaître un essor social, économique et culturel sans précédent.

Une ville moderne calquée sur le modèle urbain romain

Il y a près de deux mille ans, cette région de la Haute Steppe présente déjà toutes les caractéristiques d’une zone urbaine moderne dotée de toutes les commodités. Son urbanisation se fera, en effet, sous l’impulsion des nouveaux habitants romains qui vont calquer la typologie et l’organisation de la ville romaine, en faisant de Sufutela une cité à l’identique de celle de Rome. L’espace urbain est délimité par des ruelles dallées qui entourent des îlots d’habitation de forme rectangulaire. Des villas et des boutiques ont pignon sur rue. Les différentes missions archéologiques qui ont été entreprises, au cours du siècle dernier, ont mis à jour plusieurs monuments caractéristiques d’une cité romaine ; un amphithéâtre, un forum, un marché et surtout des thermes et des temples. Tous les volets de la vie en communauté sont, en effet, représentés : le volet domestique (typologie et organisation des habitations), le volet culturel (théâtre….), le volet religieux (temples dédiés aux divinités….).

Afin de se divertir, les Romains ont aménagé un théâtre, un amphithéâtre, une grande place publique à laquelle on accédait par une majestueuse porte à colonnades et à plusieurs baies. Une autre composante fondamentale de la vie en communauté constatée par les fameux thermes publics. Le complexe thermal aménagé près du forum était subdivisé en deux parties, à savoir des pièces réservées à l’hiver et des compartiments réservés aux bains d’été. Ces bains étaient non seulement importants pour l’hygiène corporelle, mais représentaient, par ailleurs, à l’instar du Forum de la place publique, un lieu où les Romains se réunissaient pour discuter, se divertir et évoquer les questions liées à la vie sociale et politique de la cité. L’évolution et les mutations urbaines qui ont marqué la configuration spatiale de cette cité au cours des six siècles d’occupation reflètent la place prépondérante qu’ont occupée les religions chrétienne et musulmane au cours de la période post-romaine.

Dominance des religions chrétienne et musulmane

A partir du IIIe siècle, le patrice Grégoire, chef suprême des armées et gouverneur des provinces byzantines d’Afrique,  choisit Sufutela comme principal lieu de résidence, ce qui montre l’importance cruciale que revêt la région au cours de cette période. Elle devient un archevêché où sont construites des églises et surtout de nombreuses basiliques chrétiennes.

La conquête byzantine de Sufutela confère une nouvelle dynamique dans la cité qui devient non seulement  une base militaire importante mais également une cité économique et agricole prospère comme le montrent les vestiges de maisons qui ressemblent à des fortins  qui servent de refuge aux habitants et ceux de grandes pressoirs à huile.

Après  cette période florissante, la région de  Sbeitla deviendra le théâtre de violents affrontements entre les Byzantins et les musulmans venus de Tripolitaine pour conquérir l’Afrique du Nord. La conquête arabe et musulmane qui débutera vers 647 conduira au déclin progressif de cette ville prospère qui garde jusqu’à aujourd’hui les traces de ce sanglant, mais glorieux passé. On n’efface pas l’histoire.

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